Travailler sur soi pour travailler ensemble

Y a -t-il un cadre nécessaire pour communiquer ? Comment serait ce cadre ? Que devient ce qui ne se partage pas ? Les tensions en équipes s’évacuent-elles toutes seules ? Y a-t-il un espace, une personne au quotidien, qui pourrait entendre l’émotionnel d’une équipe ?

‍Entre le collègue qui a besoin d’évacuer rapidement une tension et celui qui prend sur lui jusqu’à s’effondrer et craquer.

Sans un cadre structuré et sécure, l’émotion des uns et des autes envahit les espaces de travail. L’émotion est contagieuse.

Elle peut inviter à évoluer, à se projeter avec des solutions ou à prendre parti quand elle n’est pas prise en charge.

Balayer devant sa porte pour communiquer

‍‍Tout le monde veut être écouté mais qui sait s’écouter ? Qui sait écouter ses propres émotions, ses propres besoins, ses propres blessures qui se sont réveillées ? Faire le tri entre ce qui appartient à la tension avec son collègue et ce qui appartient à sa propre histoire personnelle ? Parfois tout se mélange.

Quand on prend le temps de s’occuper de ce qui se passe en soi, en s’offrant un espace de clarification, il est alors plus facile d’aller entendre l’autre.

Entendre son collègue, en faisant le mouvement interne d’aller sur sa colline pour l’écouter, lui permet d’écouter en retour.

Manipulation et coalition s’installent

Sans ce mouvement de s’épancher, sans cette envie de donner pour recevoir à son tour, que se passe-t-il ? 

Le besoin d’être entendu se manifeste de différentes manières. L’une d’elle consiste à aller déverser tout ça dans les couloirs, en parler à ses collègues, monter des clans, chercher à avoir raison.

Ainsi ce qui était une tension, une tensionnette (toute petite tension) finit par devenir un conflit. La tension était juste le signe d’un besoin de réglages entre une ou des collègues, alors que le conflit révèle une difficulté de contenance, de sécurité et de protection par l’équipe et l’institution. 

Une des raisons pour laquelle nous en arrivons là peut être due au fait de manquer d’espace individuel pour évacuer ces tensions, ces émotions que le quotidien vient stimuler.

Dans quelle intention communiquer en équipe ?

Les sources de stimulus émotionnels ne manquent pas. Des mots, des actes, un regard que nous entendons. Nous les interprétons différemment selon si c’est tel collègue, un chef de service, le directeur, un parent de la structure, un enfant, un adolescent, tel ado ou un autre n’a pas le même accueil, recul, la même résonnance pour chacun de nous.

Nous passons ainsi beaucoup de temps à nous débattre de ce que les stimulus du quotidien nous font vivre. Ce qui peut nous amener à comprendre que sans prendre soin du « je » il est difficile de faire « Nous »

Ce « Nous » de la cohésion d’équipe. Celui de la cohérence des pratiques tant recherché est utile pour faire équipe.

Encore faut-il se poser la question de à quoi ça sert « d’être une équipe » ? Et y a-t-il une raison utile à ma mission au travail que de vouloir « faire équipe » ?

Aïcha Riffi 

Formatrice en intelligences collectives et organisation

7 clefs pour bien communiquer

‍1/ Prendre soin du « Je » :

Je me sens touchée ou envahie par une situation. Je m’assoie. Je ferme les yeux pendant 2 min 30 et j’observe ce qui se passe dans mon corps. C’est noué ? C’est tendu ? Juste regarder. Sans chercher à changer les choses

2/ Aller sur la colline de l’autre :

Une fois que j’ai pris le temps d’utiliser la clef numéro 1 ci-dessus, je peux aller proposer à ma collègue avec qui je vis le stimulus, de poser ce qu’elle vit dans cette situation. Je l’écoute avec reconnaissance et sans tirer la couverture à moi. Noter mes besoins que révèle la situation. 

3/ Être entendu à son tour :

Une fois la deuxième clef utilisée, demander à ma collègue si elle peut écouter à son tour ce que moi j’ai vécu dans cette situation sans tirer la couverture à elle. Noter les besoin que révèle la situation. 

4/ Chercher des stratégies et des solutions ensemble :

Noter ensemble toutes les idées pour nourrir les besoins de l’un, de l’autre, et des deux. Lister les idées sans jugement, sans commentaire. 

5/  Relire toutes les idées, lister et barrer chacune des idées sans explication. 

6/ Regarder la liste des idées qu’il reste 

7‍/ Félicitez-vous !

Célébration : Vous avez fait évoluer la situation et fait grandir votre relation !

Dessin : Orane Louisgrand

‍‍K’es que ça veut dire ?

Stimulus :

Nous appelons « stimulus » un fait qui a déclenché une émotion ou une réaction, signe d’un besoin non satisfait, qui nous donne envie de nous exprimer.

Marshall Rosenberg

‍Je au Nous :

C’est apprendre à nous reconnaître, à nous accepter et à aller vers le meilleur de nous-mêmes comme des autres. C’est cheminer dans cette humanité qui donne sens à notre vie. Philippe Lefevre exerce depuis 1980 la médecine générale